L’invasion abjecte de l’Ukraine par Vladimir Poutine est insupportable. Nous subissons de loin les événements avec un sentiment d’impuissance. Nous admirons la résistance du peuple ukrainien, mais nous sommes limités dans notre action contre l’innommable… Et c’est douloureux. Que pouvons-nous faire ? Et moi… que puis-je faire ?
Au fil des jours, nous avons pu suivre sur les réseaux, le courage et la détermination du Président Volodymyr Zelensky, la force inspirante de Vitali Klitschko, et le succès des troupes Ukrainiennes. La guerre de l’information est admirablement bien menée et peut mener à la victoire finale.
Je suis très frustré que la fourniture de Mig-29 à l’armée Ukrainienne n’ait pas pu se faire, j’en veux à l’Europe, à l’OTAN, à nos dirigeants… J’aimerais tellement pouvoir donner à la résistance des armes efficaces pour pouvoir arrêter le massacre aveugle d’une population innocente. Je n’ai pas d’armes à offrir pour arrêter les crimes de guerre de Poutine… Est-ce vraiment le cas ?
Ma révolte m’a conduit à réfléchir sur la mise en page de la contestation. Je veux créer des visuels et les mettre à disposition de la résistance. Comment illustrer la révolte ? Comment mettre en page le message ? Quel symbole exploiter ? Quelles couleurs utiliser ? Quelles typos ?
Je vous embarque dans la création de visuels contestataires
1. Les couleurs
La force, la rage, la subversion invite naturellement à utiliser la couleur rouge, chargée d’énergie, de feu et de sang. Le rouge permet un impact visuel puissant, bouillant, symbole de l’alarme et du danger. Le besoin d’imposer un message, conduit à choisir le noir pour créer un contraste affirmé. Le Noir et le rouge ont souvent été utilisés pour les affiches contestataires, voire de la propagande.
2. Le visage du dégoût
J’ai choisi d’utiliser le visage de Poutine comme visuel de base, car il a le pouvoir de susciter une profonde indignation. Je ne peux pas utiliser une photo couleur : je choisis de transformer la photo couleur en Niveaux de gris… mais comme j’ai besoin de noirs intenses pour créer un fort contraste sur l’affiche, je transforme la photo en trames de demi-teintes après l’avoir contrastée exagérément. Ça permet de dramatiser le locataire du Kremlin et lui donner un aspect lugubre et inquiétant.
3. L’épreuve du caractère
Les typos devrons nécessairement avoir beaucoup d’impact : bold, black ou extra-black, rien en dessous. Les textes doivent se lire facilement et de loin. Le message doit être puissant, asséné avec force, ferme. Les slogans devraient être écrit en anglais, voire en russe (ce qui remettrait l’affiche dans son contexte). La fonte doit permettre d’avoir accès aux caractères cyrilliques, et faire référence aux vieilles affiches militantes, avec de gros empattements si possible : Roboto Slab fera l’affaire parfaitement.
4. Le dilemme du message
C’est le point qui a beaucoup évolué au cours de cet exercice. Pour qu’il soit efficace, le message doit être court, direct et mémorisable. Il doit coller avec l’infâme visage du pouvoir Russe. J’ai commencé avec l’idée de dénoncer les crimes de guerre en écrivant en 3 langues le mot « Assassin ». Le cyrillique en premier, le français et l’anglais en second.
5. La force du symbole
Mon idée première était d’utiliser la typo (surtout le cyrillique) comme élément graphique principal. Éventuellement utiliser les symboles de la guerre, de la répression, de la destruction et de la mort.
6. Le contexte de la lutte
J’ai trouvé dommage que l’Ukraine ne soit pas présente dans cette affiche, ne serait-ce que pour donner un contexte au message. C’est primordial pour comprendre la raison de la révolte. J’ai créé une base-line « Ukraine, One & Free » histoire de projeter le résultat attendu le la lutte. Avec les armoiries de l’Ukraine, l’ensemble forme un logo très graphique. Je suis très content du résultat.
7. Un meilleur slogan ?
Après plusieurs jours de travail, à force de synthétiser, j’ai besoin d’un message plus direct, plus universel aussi. « Vlad is Bad » est drôle, mais risque d’atténuer l’indignation souhaitée.
8. Tailler dans le vif
Pas convaincu… j’abandonne « Vlad is Bad ». « Stop Putin. » est plus brutal : c’est une déclaration, une injonction, un plaidoyer. La mise en page progresse : nouvelles versions.
9. Inverser la hiérarchie
Ça commence à ressembler à quelque-chose. J’aime l’enrichissement qu’apporte la base-line, j’aime le slogan simple, brutal et direct « Stop Putin. », j’aime pouvoir jouer avec la typo cyrillique (très graphique). L’apport de nouveaux symboles fait progresser le projet :
– la grenade est un symbole fort ; associé au visage de Poutine, ça fait référence à la dangerosité du personnage qui peut « dégoupiller » à n’importe quel moment.
– le barbelé est très graphique ; anguleux et pointu, il fait dangereux. Il fait référence à l’incarcération, la détention voire la déportation. Il sous-entend la nécessité d’enfermer le Pseudo-Tsar Russe.
– les barreaux verticaux, que ce soit les barres représentées ou suggérées (par des mots verticaux), apportent de la subtilité.
Je préfère quand le Slogan « Stop Purin. » est maximisé. Donc je remets en cause la présence de la typo cyrillique. Je me demande quel doit être message. La disqualification ou l’insulte du chef du Kremlin sont largement utilisées, et souvent bien réalisées comme sur les murs de Riga.
10. Une nouvelle orientation ?
Je ne suis pas satisfait, quelque chose ne va pas. C’est le moment de réfléchir et de réorienter le projet. Dans le fond, quel est le vrai message que j’aimerais crier au monde ? Oui je veux absolument qu’on arrête l’envahisseur, qu’on arrête les bombardements lâches et aveugles, qu’on dégage l’armée d’occupation à coup de pieds dans le cul, et qu’on voit le triomphe de la résistance, du courage et de l’ingéniosité. Bref je veux la victoire totale de l’Ukraine, je veux l’humiliation de l’armée Russe, je veux l’échec de « l’opération spéciale », je veux voir les effets inverses de l’objectif espéré de la Russie, je veux que l’Ukraine récupère la Crimée et le Donbass… en gros je veux une Ukraine, Libre et indivisible. Bon sang, mais ça me dit quelque-chose !
11. Mon choix, ma bataille
Je crois que c’est la version la plus satisfaisante (ci-dessus). Le message est clair : la relation de cause à effet entre le désir d’une Ukraine Libre et indivisible et la nécessité de stopper Poutine est évidente. La présence du visage du tyran est justifiée, mais ce visage est barré dans les 2 sens, par des barres inégales en épaisseurs, décentrées, ce qui suggère l’interdiction, et charge le visuel de déséquilibre. Le slogan « Stop Putin. » en bas de l’affiche, clos le propos, comme une évidence.
Je crois que je peux mettre ce visuel à disposition du Président Zelensky… Si j’arrive à le contacter
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